dimanche 15 février 2009

Au préscolaire : le groupe analogique (2)

Ce qui me semble le plus important à développer au préscolaire est constitué par un groupe de manifestations qui nécessitent que l’ensemble d’une situation soit prise en compte. Il s’agit d’habiletés complexes telles la créativité, l’esprit de synthèse, l’autonomie, l’humour, la compréhension. Ces habiletés vont au-delà de ce qui est directement perçu, elles interprètent, elles «colorent» l’environnement. Ce qui en ressort est souvent surprenant.

Au préscolaire, nous devrions donc faire vivre aux élèves des activités semblables aux suivantes.

1. Jeux de rôles

L’élève joue à faire comme s’il était :

a) un animal;
b) une personne qu’il connait… voilà une excellente façon d’apprendre comment ils nous perçoivent, une façon de mieux nous connaître… si vous osez;
c) une plante;
d) un objet : un ballon, une porte, un instrument de musique, une automobile…;
e) le conducteur d’une automobile, un danseur, un joueur de flûte, un sportif, une personne qui fait du ménage ou un repas…;
f) une personne triste, joyeuse, fatiguée, une personne qui a peur…;

2. Que faire si…

a) la baignoire déborde;
b) tu veux entrer chez toi et les portes sont verrouillées;
c) il y a un gros orage;
d) ça sent le feu chez toi;
e) tu as de la peine;
f) tu as un jouet qui ne fonctionne plus.

3. Que pourrais-tu faire avec :

a) une vieille chaussure;
b) un petit coffret de bois;
c) une assiette en aluminium;
d) un bout de corde;
e) de la pâte à modeler;
f) des rubans de plusieurs couleurs.

4. À quoi te fait penser :

a) la couleur verte (blanche, bleue…);
b) un triangle;
c) un son aigu (grave);
d) une rivière (un lac, une montagne);
e) une boîte;
f) une marionnette;
g) un instrument de musique;
h) un gâteau.

5. Que veut-on dire par :

a) la tête (ou le pied) d’un arbre;
b) le cœur de la forêt;
c) une colère noire;
d) une idée brillante;
e) une peur bleue;
f) une tête dure;

6. Que se passerait-il :

a) s’il n’y avait plus d’arbres;
b) si rien n’était transparent (n’oubliez pas l’air…);
c) si l’eau ne gelait plus;
d) si nous étions tous pareils.

7. Et aussi :

- Racontez le début d’une histoire aux élèves et demandez-leur d’imaginer la suite.
- Demandez-leur de modifier une histoire connue (Que serait-il arrivé si les trois petits cochons s’étaient abrités dans une tente?).
- Montrez-leur une partie de la photo d’un objet et demandez-leur d’identifier l’objet.
- Demandez-leur d’inventer une histoire dans laquelle figureraient tel personnage connu, un pot de fleur et une bicyclette.
- Demandez-leur d’imaginer ce que serait leur vie sans l’électricité.
- Lorsqu’ils vous questionnent, au lieu de donner une réponse valable, donnez-leur un choix de réponses, quelques-unes étant plausibles d’autres absurdes.
- Jouez-leur des tours afin qu’ils se questionnent avant de vous suivre aveuglément.
- Montrez-leur des illustrations où figurent des illusions d’optique et demandez-leur d’en discuter. Par exemple, les rails de chemin de fer semblent se rapprocher à l’horizon, est-ce possible.

Bref, permettez-leur de «voir» et de penser au-delà des apparences. En résolution de problèmes, en compréhension de textes, la connaissance des données du texte et des questions à résoudre ne suffit pas, il faut imaginer l’ensemble dans lequel ces données jouent un rôle.

Que pensez-vous de prioriser le développement des facultés analogiques au préscolaire ?

À vous !

Robert Lyons

3 commentaires:

Gilles a dit…

Génial ! C'est tellement ce dont nous avons besoin en ces temps où presque tous les enseignants de la fin du primaire et du secondaire se plaignent que les élèves ne sont pas autonomes, n’ont pas d’idées ni d’intérêts…

L’école accorde beaucoup trop d’importance aux connaissances et cela beaucoup trop tôt dans la vie scolaire. Il me semble évident que si les enfants, dès la maternelle, étaient exposés à des activités de réflexion et de créativité qui les rejoint et qui suscite leur intérêt, ils développeraient beaucoup plus de confiance en eux de plaisir d’apprendre.

J’ai vraiment hâte d’entamer le travail d’élaboration de notre nouveau programme …

rhéa a dit…

Toutes ces activités demandent que l'on prenne le temps et que l'on valorise le jeu. Trop souvent, nous choisissons le raccourci et la facilité d'acheter des jeux 'éducatifs' et nous laissons l'enfant seul devant ces jeux qui sont sous-utilisés parce que l'enfant apprend beaucoup en interaction.
Ce qui est utile au développement de la pensée mathématiques est très semblables pour la pré-lecture.

J'ajouterais que nourrir et entretenir la créativité et l'imagination demeurent essentiel même au secondaire. Je vis des ateliers d'écriture depuis 3 ans avec des jeunes (groupe constant) du secondaire. Nous avons beaucoup appris et j'ai appris à être patiente, car leur imagination fertile d'aujourd'hui n'était pas au rendez-vous il y a 3 ans; celle-ci étaient presque éteinte par les années de scolarité et la peur de se lancer. J'ai fait avec eux certaines des activités que vous présentez et j'ai utilisé des ressources du primaire pour rebâtir la confiance, l'imagination et le plaisir d'essayer. Ils ont appris à prendre des risques et cela est vrai aussi en mathématiques et en sciences.
Merci pour votre blog, j'utilise souvent vos idées et j'apprends toujours énormément.

marie claude a dit…

Pour faire du pouce sur ce texte, j'aimerais suggérer le commencement d'une séquence pour le programme du préscolaire: pour la première étape ou du moins les premières semaines, je crois que l'on devrait prioriser
- accepter qu'il y ait plus d'une solution
- rechercher tous les possibles d'un problème
- exercices de créativité pour les situations où l'on ne peut chercher tous les possibles

qu'en pensez-vous?