Mémoire assistée
Que ce soit au préscolaire, au primaire ou au secondaire, de nombreux élèves se fient sur leur mémoire pure sans connaître les techniques simples qui leur permettraient de «soulager» cette faculté. La connaissance de la comptine des nombres : un, deux, trois… est spectaculaire chez les jeunes enfants, mais elle ne démontre nullement la compréhension du concept de nombre. Certains enfants de cinq ans connaissent déjà certaines combinaisons d’addition, divers termes de géométrie ou de mesure. C’est intéressant, mais ne faudrait-il pas penser, non seulement à meubler leur mémoire, mais aussi à développer leur capacité à mémoriser ?
A : Marteau, veston, chaise, bicyclette, crayon, débarbouillette, coffret, guitare, lampe.
B : Vert, tulipe, pantalon, gant, rose, jaune, bleu, bas, œillet.
Si vous tentez de mémoriser les deux listes de mots précédentes, même si elle contiennent toutes deux neuf mots, il y a de fortes chances que vous réussissiez plus facilement à mémoriser la seconde liste que la première si vous avez remarqué qu’il est possible de classer ses termes : trois couleurs, trois vêtements et trois fleurs. Même si vous n’avez pas tenté de mémoriser les termes de la seconde liste, vous pouvez probablement en nommer quelques-uns en pensant aux trois catégories de mots que l’on y retrouve.
Et maintenant, combien de mots de la première liste pouvez-vous nommer ? Probablement beaucoup moins que ce que vous avez réussi avec la seconde liste.
En revenant de sa promenade en bicyclette, Manon enlève son veston et se lave la figure avec une débarbouillette. Une note, écrite au crayon, lui rappelle qu’elle doit aller chercher sa guitare au grenier. Elle prend une lampe et un marteau afin de trouver et d’ouvrir le coffret placé sur une chaise dans un coin du grenier. C’est dans ce coffret qu’elle range sa guitare.
Relisez le texte précédent deux fois. Et maintenant, combien de mots (en italique) de la liste A pouvez-vous mentionner ? N’est-ce pas plus facile ainsi ?
Essayez maintenant de visualiser les scènes suivantes :
1. Une fillette sur une bicyclette, son veston et sa figure sont couverts de boue.
2. La même fillette se lave le visage avec une débarbouillette tout en regardant une feuille de papier sur laquelle on a tracé le dessin d’une guitare, avec un crayon.
3. Un coin du grenier, éclairé par une lampe, dans ce coin, un coffret posé sur une chaise et un marteau appuyé sur le coffret.
Si vous visualisez mentalement ces trois scènes, il vous sera plus facile de vous souvenir de la liste A.
Dans une semaine, ce sera encore possible. Avec le temps, la liste B deviendra moins évidente alors que la liste A, que vous l’ayez apprise en vous racontant l’histoire de Manon ou en visualisant les trois scènes, restera plus clairement dans votre mémoire.
Plusieurs élèves tentent de mémoriser en utilisant leur mémoire «pure» alors que d’autres l’assistent en établissant des liens logiques (liste B) ou des liens analogiques (liste A).
Imaginez une grille carrée de neuf cases. Dans chacune de ces cases nous pouvons placer un élément sans rapport avec les éléments des autres cases. Considérez maintenant que, d’une personne à l’autre, certaines réussiront à se souvenir de trois, d’autres de cinq et d’autres de neuf des éléments placés dans cette grille. Bref, considérez que les capacités de la mémoire pure varient d’un individu à un autre. Pensez à la liste B, elle contient neuf éléments distincts. En les classant, nous obtenons trois groupes d’objets qui ne sont plus indépendants. Chaque groupe peut n’occuper qu’une seule case. Pour celui qui a de la difficulté à mémoriser plus de cinq éléments distincts, son travail est facilité grâce à un classement logique par couleurs, vêtements et fleurs. Mais est-ce que le rouge est une de ces couleurs ? Y a-t-il un chandail ?
Essayons autre chose. Voyez-vous cette rose dessinée sur ce pantalon vert ? Et cette tulipe jaune sur ce bas ? Et cet œillet dans ce gant bleu ? Il ne vous faut maintenant que trois cases afin de loger ces neuf mots dans votre mémoire. Mais attendez, on sonne à la porte. En ouvrant la porte, une personne vous tend un œillet avec son gant bleu. Sur son pantalon vert est brodée une rose magnifique. On remarque aussi que ses bas sont décorés de tulipes jaunes. Construisez-vous une image mentale de ce personnage, lorsque vous le verrez bien, il ne prendra plus qu’une seule case de votre grille de départ. Le travail de votre mémoire devient plus facile.
Ne croyez-vous pas que de telles techniques doivent être enseignées aux élèves dès le préscolaire ?
Robert Lyons
dimanche 15 mars 2009
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1 commentaire:
Bonjour,
Le dernier Mathadore me fait penser au calcul mental. Je suis toujours déçu de voir qu’autant d’adultes, et d’élèves, se disent nuls en calcul mental et en estimation et en ont presque peur. Les choses seraient bien différentes si nous prenions le temps, à l’école, de développer chez les élèves des stratégies de calcul efficace, lesquelles sont largement associées aux stratégies de calcul mental. La dernière édition de la collection Défi-mathématique propose des outils concrets exceptionnels (château de nombres, superplanche, abaque à dominance, technique direct…) pour développer ces stratégies. Malheureusement, l’enseignement des techniques de calcul écrites traditionnelles occupent encore beaucoup trop de place dans plusieurs de nos classes.
Il en va de même pour les stratégies de mémorisation. Plutôt que de faire apprendre les tables par cœur, faisons découvrir aux élèves des stratégies qui en faciliteront la mémorisation (par exemple, l’utilisation de la table de Pythagore et ses nombreuses propriétés). Bien sûr, l’apprentissage des tables n’est pertinent qu’à partir de l’âge de 8 ans. Toutefois, je suis d’accord pour que les techniques de mémorisation proposées par Robert dans le dernier Mathadore soient amorcées dès la maternelle.
Si je suis bien la ligne de pensée proposée, la maternelle servirait à établir les bases des différentes types de pensée utiles en maths : la pensé analogique, la pensée logique et la mémoire. Je proposerais que cet apprentissage se fasse de deux façons : de façon ciblée (activités qui développent un type de pensée particulier) et de façon intégrée (activités qui font appel à plus d’un type de pensée).
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